Les Gicleurs ACME, entre défis d’exploitation et de la transformation graduelle
Entrevue de Yanik Péloquin, président et ingénieur en chef, et de Sandra D. Péloquin, Vice-Présidente, Transformation durable
Garder une affaire familiale alignée avec les enjeux de son époque et maintenir son regard tourné vers l’avenir ? C’est le défi que se lance l’équipe de direction chez Les Gicleurs ACME.
Une chose est sûre : la direction en place issue de la 3e génération – dont font partie Yanick et Sandra Péloquin – entend bien continuer à répondre aux besoins en protection incendie, toujours plus conséquents. Et ce, sans oublier de réfléchir à la position stratégique que l’entreprise se devra d’occuper dans les prochaines années.
« Notre aviseur stratégique nous l’a bien résumé. Dans une entreprise, il y a deux volets distincts : l’Exploitation, où il est primordial de mettre en place un plan d’amélioration continue, et l’Exploration, qui n’est pas toujours essentiel à la survie de l’entreprise, mais qui permet de réfléchir au positionnement que nous désirons prendre dans notre marché. L’exploration implique de faire place à un mindset ouvert à l’innovation, au développement durable, aux avancées en intelligence artificielle, à une croissance vers la diversification. Nous faisons le choix de miser sur les deux volets. » Sandra D. Péloquin
Protection incendie : une croissance en demande et en défis
La mécanique est au cœur du secteur de la protection incendie. Pas étonnant alors, que dans les dernières années, les progrès se soient observés au niveau des pièces incontournables : coupling, raccords, valves, gicleurs flexibles. Dans leur version améliorée, tous ces éléments favorisent des implantations moins chronophages.
« Le principe mécanique reste le même : un gicleur se déclenche à la chaleur, et à un certain degré atteint, l’eau est expulsée. Ce qui évolue vraiment, ce sont les méthodes pour installer plus vite, une heure contre 15 minutes maintenant. » – Yanik Péloquin.
En dépit de matériaux plus efficaces mais plus dispendieux, l’entreprise est en mesure d’en installer plus. Le gain en performance et en productivité est sans commune mesure.
Ce rythme de travail bonifié est aujourd’hui indispensable. Il y a 40 ans, la saisonnalité était une problématique. Mais la construction a elle aussi progressé : les bâtiments s’érigent plus rapidement et sont en mesure d’être fermés avant l’hiver. Résultat ? Les équipes d’installateurs chez Les Gicleurs Acme interviennent tout au long de l’année.
Alors que le carnet de commandes n’est pas en voie de se vider, celui des embauches connaît quelques difficultés à se remplir. « La formation en protection incendie est limitée, peu de jeunes vont prendre cette direction, d’autant qu’une seule école – à Laval – offre la formation spécialisée de mécanicien.ne en protection incendie », explique Yanick. Et comme bien souvent, aux problèmes de recrutement s’ajoutent ceux de rétention. Répondre à la demande fluctuante d’ouvrage et s’entourer de personnes qualifiées et polyvalentes est une priorité de chaque instant pour l’entreprise.
Défis humains, oui, mais pas uniquement. La disponibilité des matériaux provenant de diverses zones géographiques, les pompes à incendie fabriquées sur mesure, avec par conséquent, un certain délai associé, et surtout, les prix à la merci du marché sont un peu l’épée de Damoclès technique du secteur. Et avec le changement politique conséquent aux États-Unis et la possible réplique du Canada, l’impact sur les tarifs est plus que jamais à surveiller.
Au jour le jour, la compagnie s’emploie donc à trouver des solutions et à explorer les innovations possibles à son échelle.
La volonté d’évoluer dans un secteur conventionnel
En 60 ans, la famille Péloquin en a connu des défis ! C’est pourquoi le mode solution est toujours activé chez elle. Pas de cursus en protection incendie ? Aucun problème : elle forme ses employés en interne, directement sur le terrain.
Le mode évolution est lui aussi très dynamique, contrairement à celui de la protection incendie du bâtiment.
« C’est un code qui évolue très peu. Mais nous, en tant qu’entreprise, on a fait le choix en 2023, de voir comment on pourrait être au-devant du secteur, en discutant avec notre corporation et nos partenaires d’affaires, entre autres.» – Sandra D. Péloquin.
Bien qu’exploratoire, cette démarche a débouché sur une liste de projets à explorer impliquant des partenariats, des produits biodégradables… La compagnie qui s’est fait une réputation dans la protection incendie de la mécanique du bâtiment, pourrait-elle se faire une place à plus grande échelle ?
L’idée n’est pas de se dénaturer, mais plutôt de se dessiner un avenir davantage en phase avec son temps. Récupération d’eau potable perdue lors des tests de débit, remplacement de la mousse toxique, chantiers plus écoresponsables : l’innovation impliquant les technologies propres est définitivement une avenue d’exploration qui inspire l’équipe de direction ces temps-ci.
Ainsi, le futur chez Les Gicleurs ACME est prometteur. Pourtant, Yanik Péloquin déplore que la protection incendie ne soit pas encore légion dans les petits logements ou les maisons unifamiliales neuves, surtout avec les accidents de feu qui augmentent depuis quelques années. « Si on était capable d’amender la norme pour que tout édifice résidentiel ait des gicleurs, ça aiderait beaucoup la prévention. Il ne faut pas sous-estimer l’évolution des matériaux de construction qui, dans certains cas, impliquent qu’ils soient davantage inflammables rapidement que par le passé. »
Que ce soit pour répondre à la forte demande ou pour changer les mentalités un gicleur à la fois, ce ne sont donc pas les perspectives qui manquent à la compagnie !